Elysée

Je mets mes mains dans la semoule. Manger avec les doigts est un plaisir défendu.

Sûrement pour ça que j'adore ça.

Je leche les grains. Regarde-moi.

J'en ai assez, assez de toi, si tu savais. Assez de nous, de cette histoire, à fleur de peaux, à fleur d'amour. Parce que c'est défendu, parce que ça ne se fait pas et j'en suis réduite à me demander, me demander, laquelle de nous deux a prononcé cette phrase en premier.

Tu suce les os du poulet. Salope.

Comme je mens bien, comme je fais bien semblant, mon corps à tes pieds et mon indifférence suprême par dessus. Bien sûr que je t'aime, à en crever.

Merde.

J'allume une cigarette. Dans la pénombre, la tache rouge. Tes lèvres s'étirent, tu souris, tu parles.

Tu dis des mots, tu parles d'un garçon, tu dis retour à la normale parce que nous, ça ne comptait pas, enfin, même, quel "nous", il n'y a jamais eu de nous.

Tu dis qu'il t'attend ce soir, et je te souris et je te dis de filer, vite.

Tu te lèves, tu prend ton manteau, tu me fais la bise, et à bientôt.

Depêches-toi, je te dis, avant que je ne crève.

même pas sous la torture, avec des doigts manquant.

le ventre gonflé, le coeur atomisé. putain, c'est mal, c'est mal, comme c'est mal.

ça m'attire irrésistiblement.

une fois, juste une fois consommer, m'abimer, oh merde.

me sentir vivante, oublier la routine, la lassitude. me sentir désirée par un autre.

émue.

"tu m plais". oh shit, la fidélité est un concept déplacé.

Garde-moi secrète, garde-moi en toi, Garmonbozia.

Garde-moi secrète, garde-moi tout près. Je n'aime pas que certains gens me lisent, écorchée vive, mais toi, toi oui, et je cache mon coeur ici, depuis pas longtemps mais quand même ici.

Garde-moi secrète, garde-moi en toi. J'ai besoin d'être lue, d'être comprise, mais juste par toi, ou par des inconnus.

Entre nous deux, un secret, au moins ça, et puis....

Je crois qu'il vaut mieux que j'arrête de me faire de l'espoir, que j'arrête d'espérer.

ca me fait du mal, pour rien, en plus, je suis triste.

Je croyais qu'il attendait de moi, ce que j'attendais de lui, amour, sexe, passion, explosion, impatience.

Mais non.

C'est un homme très occupé ou alors il s'en fout. Dois-je adopter l'attitude indifférente, légérement en attente. ?

"Je reste à ta disposition, mais je n'attend plus".

Comme un cadeau de Noël, la même impatience et ce n'est pas bon.

Dieu, je voudrais m'abimer dans ses bras et j'ai l'impression qu'il va me repousser, d'ici peu.

Ses inhibitions reprennent le dessus et moi je suis déçue.

J'aime sans doute trop. Trop de passion, trop de forces destructrices. Mais je ne sais qu'aimer comme ça. Alors je m'abime. Je m'abime dans d'autres bras, dans d'autres draps en priant pour qu'un jour cela cesse, que j'arrête de me regarder dans la glace avec un air coupable.

D'un autre côté cette liberté m'est chère.

Je ne sais pas. Continuer à aimer, rien que le sexe, rien que le cul. Mais je tiens trop à lui et c'est intolérable.

Et j'ai le coeur qui bat et qui frissonne et pas pour lui.

Pour lui j'ai. La douleur de l'âme, le ventre qui fout le camps, le coeur qui se serre dès qu'on se dispute dès que ça ne va pas. Mais je n'ai plus l'impatience du début.

Peut-être aussi, le goût de l'interdit. Je sais que c'est mal mais je ne peux pas m'en empêcher.

Stop et puis quoi.

Des mots, par pitié.